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Stéphanie Andres artiste plasticienne
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14 décembre 2010

JEAN FRANCOIS ROUSSEAU écrivain nov 2008


AU BLEU DU TEMPS



A gratter les murs de l'oubli qui séparent la conscience d'être d'un passé révolu, les souvenirs s'égrènent en pur perte dans la mousse d'un carnet de cordes. Et quand, grattant encore, la perte s'y découvre augmentée, la mémoire s'insurge, éployant ses strates comme autant de doigts sur le clavier du sensible. Ensorcelante litanie des maisons tombées en déshérence qu'un regard pourtant soulève, rédimant un ciel ancien dont le charme nous a ressaisi.

Ce regard, c'est celui de Stéphanie Andres. L'Ange du Bizarre y a pris refuge et le totem d'une terre exaucée, débarrant l'horizon du sens commun.

Un tablier de sable allume ses lampes dans l'atelier du temps - charbons crachés, objets trouvés, alphabets déchirés, bribes de sens, lambeaux de gris, blanc de pâte... Autant de variations déclinées sur le mode des remembrances; autant de signes rendus visibles dans l'indéchiffrable grimoire des choses.

L'oeuvre de Stéphanie Andres rappelle les murs à nos ongles. Derrière, il y a un ciel: le bel aujourd'hui. Son oblique rayon. Sa diagonale du fou. Il y a la couleur la mieux partagée du monde et l'orange du sentiment. Il y a la fragrance du café au matin des fermes réveillées; la sépia et sa tonalité d'encre sèche; la bête à son broc sous le mufle des saisons; il y a... ce qu'il y avait d'un ici, d'un là ou d'un ailleurs, pour peu que l'on s'y veuille vivre, pour peu que l'on y aille voir. Choses et êtres revenus sous la main nue qui rêve; choses et êtres démeublés d'une réalité factice qui encombrait la maison- univers.

Le quotidien, que l'on ne remarque plus, ici a refait surface dans la diversité de son étonnante étrangeté. Il s'accomplit un partage de tous les instants – au détail près. Dieu n'y est pas, mais la vie - la vraie. La rêvée vie, plus vraie que vraie. Celle que Stéphanie Andres entend filtrer à travers les carreaux de sa sensibilité. Sa faconde et la variété de sa geste.

Comment dire lorsque les mots font défaut? Que donner à voir lorsque l'oeil n'y est pas?

C'est l'apanage des artistes qu'ils nous donnent à percevoir cela que nous ne savons que pressentir.



Jean-François ROUSSEAU


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